L’évacuation
Tout d’abord je vous écris depuis le bureau de mon entreprise à Paris! Je suis donc désormais en sécurité dans un pays qui la chance de vivre en paix. Je suis arrivé hier soir tard, évacué par les autorités françaises, après deux jours d’une odyssée mémorable. Désolé pour l’interruption des communications qui a soucié certains d’entre vous, mais je n’avais véritablement aucun moyen d’écrire.
Tout a commencé mardi soir quand nous avons reçu des messages de l’ambassade nous invitant à évacuer le lendemain. Nous (c’est à dire Kathleen, Vincent et son frère Benjamin, Laure ayant décidé de rester aider Caroline) sommes arrivé dans les environs du lycée français autoutr de 9h. Nous avons ensuite fait la queue pendant des heures, passant par différentes étapes administratives avant d’être finalement emmenés vers 13h en bus au port de Beyrouth où nous avons embarqué à bord du Mistral, le deuxième plus grand bâtiment de la marine nationale.
Là nous avons été pris en charge par les militaires qui ont été adorables. Vision étonnante que ce bâteau gigantesque, plein de barges de débarquements, d’hélicoptères, de tanks, de légionnaires, d’infanterie de marine et de… civils (1060 évacués). Ils avaient installé des lits de camps dans les immenses hangars du bateau et nous ont répartis en groupe d’une trentaine de personnes, encadrés par trois militaires chacun.
Vers 16h nous avons quitté Beyrouth, direction le sud-est de la Turquie. Les israéliens avaient repris les bombardements et des colonnes de fumée s’élevaient de la ville que nous voyions s’éloigner lentement…
Il y avait une ambiance incroyable sur le bâteau, avec un intérêt réciproque évident entre les militaires et les civils. Des groupes se formaient qui discutaient des événements bien sûr, mais aussi des métiers des différentes unités, les marins nous faisant visiter ce fleuron de la marine, dont c’étaient la toute première mission opérationnelle. Nous avons été nourris comme des rois dans le self flambant neuf. Les légionnaires faisaient la plonge.
En fin d’après-midi, l’aumonier du bateau a célébré une messe très émouvante à l’arrière. Les lectures de la fête de la Saint Jacques collaient incroyablement à notre situation d’exilés. Les libanais qui consistuaient la majeure partie de l’assemblée ont entonné des chants chrétiens en arabe, qui vous serrez la gorge alors que les soleil se couchait sur la méditerrannée.
Seul problème: les mouches (encore elles!), qui avaient envahi le bateau par millions (sans exagérer!) lorsqu’il était arrivé à Beyrouth. Impossible de se reposer. J’ai quand même réussi à passer une nuit à peu près correcte en m’enveloppant dans mon cheiche, mais tout le monde ne s’en est pas aussi bien tiré et le lendemain à l’aube, la fatigue commençait à se faire sentir.
Arrivé à Mersin en Turquie, nous avons passé la matinée à attendre que notre groupe soit débarqué. Vers 13h, nous avons quitté nos gentils soldats et nous avons été pris en charge par la Croix Rouge et Axa Assistance. Les turcs nous ont retenu un bout de temps à la douane et c’est là que j’ai été séparé de mes amis, moins habiles que moi à se faufiler dans les files d’attente. Je les avais prévenu que, à partir du moment où nous serions en sécurité, je reprendrais mon autonomie et je suis donc passé en mode solitaire. Après quelques ordres et contre-ordres, ainsi qu’un peu de chance, j’ai finalement pu être intégré à un avion qui partait assez tôt de Adana, à une heure et demi de bus de Mersin. Encore des files d’attente épuisantes pour enregistrer les bagages et passer la douane, pour finalement monter dans l’avion et décoller vers 18h (heure Turque/Libanaise).
Le voyage a été effroyable, car l’avion était plein d’enfants épuisés et surexcités que leurs parents, dans la grande tradition d’éducation libanaise, laissaient faire toutes les conneries possibles. Donc, j’ai passé quatre heures à me prendre des coup de coudes de ma jeune voisine de droite et des coups de pied dans le fauteuil de mon jeune voisin de derrière. Bon, au bout de deux heures j’ai fait suffisamment d’autorité pour calmer un peu ces deux là , mais cela n’empêchait pas une quinzaine d’autres répartis dans l’avion de se battre en hurlant à plein poumon.
Arrivés à Paris à 21h (heurede Paris), nous sommes pris en charge par la Croix Rouge, puis (enfin!) je retrouve ma liberté et prend un taxi qui fonce vers Croissy, chez mes parents. C’est là que cet orage monumental a éclaté. Les éclairs zébraient le ciel en tout sens, comme si l’apocalypse était arrivée. C’est dans cet ambiance de violence extrême des événements que j’ai commencé doucement à réaliser que j’avais quitté la violence extrême des hommes.
Merci à tous pour vos commentaires et vos messages qui m’ont tant aidé pendant ces quelques jours. N’hésitez pas à continuer à consulter régulièrement ce blog où je vais continuer à informer sur la situation au Liban, à fournir des analyses et réflexions et où vous pourrez suivre mon retour là -bas, qui, je l’espère, sera le plus tôt possible. Je mettrai également bientôt en ligne les photos que j’ai prises durant ces dernières semaines.
Enfin, un grand merci aux autorités et à l’armée française, pour nous avoir protégés et ramenés en France, avec beaucoup de gentillesse et d’humanité, ainsi qu’une organisation impeccable.
2 commentaires sur 'L’évacuation'
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T’aurais du refuser de partir…c’est maintenant que ca va commencer a etre interessant…!!
(moi je suis allé dans le Golfe à bord du Foudre…!)
A+
Viens me voir si tu t’emmerdes à Paris!
Nk
bon courage, Matthieu, pour la reprise de ta vie professionnelle à Paris, une réadaptation après tout ce que tu as vécu et que les libanais continuent de vivre.au quotidien.
Anne